Créées en application de la loi du 17 juin 1998 à l'initiative de l'association La Voix de l'Enfant, les Permanences et les UAMJP se sont développées à l'échelon national. La parole de l'enfant victime doit être recueillie dans les meilleures conditions possibles et notamment dans un lieu sécurisant et aménagé à cet effet. Les Permanences et Unités ont donc pour objectifs, d'une part, de concilier la prise en compte de la souffrance de l'enfant sur le plan médical, psychologique et social et d'autre part, les nécessités de l'enquête et/ou de l'instruction judiciaire ayant pour finalité de parvenir à la manifestation de la vérité. A l'occasion de ce séminaire, l'objectif était de rassembler tous les acteurs institutionnels, judiciaires, médicaux et associatifs participant au dispositif des UAMJP afin de communiquer et échanger autour de données chiffrées les plus récentes et de travaux de recherche.

La journée a débuté par une présentation de l'activité des UAMJP à partir du recueil de données des auditions réalisé dans les UAMJP et dans la veille médiatique journalière de la Voix de l'Enfant pour l'année 2016. Cette présentation a été suivie par la diffusion des résultats d'une étude relative aux informations récoltées sur les mineurs et les auteurs à l'UAMJP de Saint-Malo depuis 10 ans menée par des étudiants en Master 2 de l'Université de Rennes. Destinée à améliorer la connaissance croisée des auteurs et des facteurs de vulnérabilité des victimes, il ressort de cette étude un ensemble de données chiffrées desquelles les chercheurs ont pu extraire des analyses. Aucun profil pathologique des victimes ne peut être relevé, toutefois, certaines infractions sont apparues très genrées : les infractions de nature criminelle toucheraient principalement les filles, plus précisément les infractions sexuelles et psychologiques ; concernant les garçons, ceux-ci connaissent davantage de sévices physiques. Par ailleurs, il ressort que les aînés et cadets sont les plus exposés.

Cette présentation a ensuite été suivie d'une première table ronde autour du parcours judiciaire de l'enfant victime, présentant le rôle crucial de l'avocat et de l'administrateur ad hoc auprès de l'enfant pour garantir un espace de neutralité et de sécurité nécessaire à la prise en compte de sa parole et de ses besoins. Une seconde table ronde a enfin permis de présenter de bonnes pratiques au sein des UAMJP. L'utilisation des pictogrammes pour les auditions des mineurs victimes par une psychologue de l'UAMJP de Saint Malo s'inscrit dans le protocole de recueil de la parole de l'enfant établit par Mireille CYR et validé par la HAS en 2008. Il constitue un support de langage visuel pour communiquer ses émotions, facilitant la levée des freins cognitifs. Enfin, la matinée a été clôturée par la présentation du protocole d'intervention des psychologues de l'UAMJP de Pontoise.

Afin de préparer le colloque des 20 ans de la loi du 17 juin 1998, le séminaire s'est poursuivi l'après-midi par des ateliers de travail consacrés au parcours de l'enfant victime de l'audition jusqu'au procès, et à un focus comparatif de certaines affaires significatives révélatrices de l'apport des UAMJP dans le recueil de la parole de l'enfant victime.