Consacré au thème « L’enfant en accueil familial - Son développement psychique : un enjeu essentiel », le programme de cette journée était axé sur la clinique spécifique au dispositif de placement familial des enfants. Il a notamment permis d’aborder les liens entre le droit et le soin : Laurence Bellon, magistrat et vice-président du tribunal pour enfants de Lyon a exposé comment le juge des enfants, souvent attendu par les partenaires comme celui qui « devrait poser le cadre », intervient à partir d’un « appareil à travailler à plusieurs ». Le marqueur de son intervention est le débat contradictoire, dispositif qui, par sa répétition et l’arbitrage que rend le juge à son issue, vient signifier que  la parole est plus forte que le passage à l’acte.

Parmi les situations cliniques évoquées, la présentation d’Emmanuelle Bonneville-Baruchel et Emilie Rossi a montré le travail d’articulation possible, pendant plus de dix ans de prise en charge, entre une psychologue et une assistante sociale « référente ASE » auprès de la mère d’une enfant placée et de la mère d’accueil. Difficiles à tenir mais reposant sur des rencontres très régulières et évaluées, ces positionnements, visant à soutenir les angoisses de la mère et l’investissement de la mère d’accueil auprès de l’enfant,  ont été nécessaires pour permettre le développement de l’enfant et la construction d’un lien entre la mère et l’enfant. Bruno Mounier, psychiatre et psychanalyste a expliqué comment la prise en compte, par le psychanalyste intervenant en CMP, des problèmes réels auxquels se heurte l’enfant dans sa réalité de vie est une voie d’accès privilégiée à sa réalité inconsciente.

L’importance de donner une place à la recherche sur le placement familial a été soulignée à travers la présentation d’Alexandre Novo, doctorant en psychopathologie et psychanalyse, qui a exposé les hypothèses, le public et les outils d’analyse d’une recherche en cours soutenue par l'Onpe sur le devenir d’enfants placés en accueil familial thérapeutique ayant passé dix ans dans le même service.

En fin de journée, une dernière table ronde s’est tenue autour de la question d’ « instituer la clinique ». Pour Christian Allard, responsable d’un placement familial en Val-de-Marne, la créativité est une condition sine qua non de la réussite éducative et le placement familial « un art qui exige la maîtrise de son savoir faire », il est dommageable que les institutions créent de la rupture. En présentant le cadre des rencontres parents-enfants en accueil familial, Cathy Fourès, ancienne responsable d’accueil familial thérapeutique de secteur, a insisté sur la rigueur et la souplesse nécessaires pour que le placement devienne le levier d’une transformation du lien parent-enfant.

Les travaux de cette journée, dont les actes sont disponibles auprès du RIAFET (http://www.riafet.asso.fr/ [2], ont permis de mettre au jour l’usage potentiellement thérapeutique du placement familial.